Violences policières au Kenya: malgré une baisse de 15% des cas, la situation reste accablante

Au Kenya, les exécutions extrajudiciaires et les disparitions forcées perpétrées par la police sont légèrement en baisse, mais les chiffres restent accablants, selon le rapport annuel sur la question publié mercredi par Missing Voices, une coalition d’organisations de défense des droits de l’homme. En 2023, ces cas de violences policières ont diminué d’environ 15%.

 

Artistes, victimes et associations sont venues, cette année encore, dénoncer l’impunité de la police kényane. Pénina a perdu son mari en 2013, arrêté pour une altercation lors d’une réunion familiale. C’est à l’hôpital qu’elle le retrouve le lendemain. « Il a été battu de partout. Son visage était couvert de bleus. Mon mari est mort à cause d’une hémorragie interne et d’un trauma crânien. On le noyait pendant qu’on le frappait. Il a été battu par un policier qui a essayé de blâmer un autre détenu. J’ai porté plainte contre la police, c’était dur, j’ai dû être placée sous protection judiciaire. Ils ont tenté de me tuer », raconte-t-elle.

Selon Missing voices, 118 cas d’exécutions extrajudiciaires ont été dénombrés en 2023. Soit douze de moins que l’année précédente. Une baisse dont doute cependant Happy Olal, le coordinateur des Centres pour la justice sociale. « Je pense qu'il y a toujours des exécutions extrajudiciaires, mais que les méthodes ont changé. Par exemple, la police de Nairobi utilise des gens qui tuent à sa place, c’est la justice populaire. Ce n’est pas comptabilisé comme des exécutions extrajudiciaires puisque c’est la foule. Chaque gouvernement a ses propres policiers tueurs et ses propres stratégies. C’est la criminalisation de la pauvreté », estime-t-il.

Selon le rapport de Missing voices, malgré toutes les affaires d’exécutions extrajudiciaires rapportées l’année dernière, seuls cinq policiers ont été arrêtés. « Ces chiffres révèlent surtout la violence systémique dont souffrent les populations pauvres du Kenya », tempère Happy Olal.

Selon le rapport, les hommes entre 19 et 35 ans sont les plus vulnérables à ces violences policières qui interviennent surtout à Nairobi. La plupart des exécutions extrajudiciaires se font par balle, soit lors d’opérations anti-criminelles, soit lors de répression de manifestations. Les disparitions forcées, quant à elles, ont diminué de moitié. Elles interviennent lors d’opérations anti-terroristes. Leur diminution de plus de 50% laisse d’ailleurs sceptique. « Les policiers ont peut-être trouvé une manière plus discrète d’exécuter leurs victimes », peut-on lire dans le rapport.


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